La colonisation a eu pour effet la domination de l'Europe sur les pays d'Afrique. De 1880 à 1931, l'influence qu'ont eu les civilisations Noires sur la société française a été majeure. C'est à partir de 1880 que notre TPE commence car c'est la décennie où la colonisation a battu son plein dans l'exclusion des Noirs dans les sociétés européennes, et nous finirons en 1931 car c'est l'année de l'ouverture de l'exposition coloniale à Vincennes. Toute cette période fut marquée par des idées racistes, qui ont poursuivi les Noirs, sous forme de stéréotypes, pendant longtemps et même encore aujourd'hui. Ces stéréotypes sont le résultat d'un sentiment de supériorité de la part des Français, d'un ethnocentrisme*.
Au départ, la colonisation française avait en partie pour but d'être une mission civilisatrice. En imposant, et en diffusant sa religion, sa culture, et ses règles, la France crut avoir un rôle important envers les colonisés. Mais ces derniers ont le plus souvent été exploités, opprimés, et encore moins honorés pour avoir servi, avec les soldats français, pour la patrie du drapeau tricolore, durant la première guerre mondiale.
Cependant, de nouvelles cultures ont permis aux échanges commerciaux entre les pays colonisateurs et les pays colonisés.
A cette époque, comment est vu le colonisé dans la société française, et quel impact a eu la colonisation dans les esprits ?

Nous allons commencer par étudier l'imaginaire collectif de la France du début du XXe siècle, imprégné d'images et de chansons racistes, puis nous allons essayer d'étudier la réhabilitation de l'image des colonisés par l'art.

L'image ci dessous, est une affiche de l'exposition coloniale à Paris, de 1931.
Cette affiche est utilisée ici pour montrer à quel point l'homme noir était présent pour divertir les blancs. On le compare à un singe, et on le surnomme "L'homme des bois".



"Nénufar" d'Alibert. Marche Officielle de l'Exposition Coloniale en 1931

Alibert (3 décembre 1889 - 23 janvier 1951), ici,
photo prise dans les années 1930.


Quittant son pays,
Un p'tit négro

Vint jusqu'à Paris
Voir l'exposition coloniale

C'était Nénufar
Un joyeux lascar
Pour être élégant
C'est aux pieds qu'il mettait ses gants

Refrain:
Nénufar

T'as du r'tard

mais t'es un p'tit rigolard

T'es nu comme un vers

Tu as le nez en l'air
et les ch'veux en paille de fer

Nénufar

T'as du r'tard

T'as fait la conquête des Parisiennes

T'es leur fétiche

Et tu leur portes veine !


Faut pas croire toujours
c'que Nénufar raconte
Ainsi l'autre jour
Il m'a dit
Quand je fais mes comptes
A la craie j'écris
Sur l'dos d'ma chérie
Et d'un coup d'torchon
Après j'efface les additions

Refrain

Un jour Nénufar
Entra dans une grande parfumerie
Il voulait des fards
Pour sa p'tite amie
Donnez-moi qu'il dit
Du rouge en étui
J'en veux trente kilos
Car c'est une négresse à plateaux

Refrain
...
T'as fais la conquête des Parisiennes
T'es leur fétiche
Et tu leur portes veine !

La chanson « Nénufar » chantée par Alibert ou Henri Allibert, et qui est désignée par le site « Le quai des images » comme la marche officielle de l'exposition coloniale en 1931, est entièrement stéréotypée. En effet, à cette époque, le «nègre» comme il était si péjorativement appelé, véhiculait plusieurs stéréotypes, plusieurs images négatives ou moqueuses, qui lui était attribués sans aucune distinction pour chaque individu noir. Nous pouvons le voir déjà au nom de la chanson «Nénufar» qui est le prénom du personnage. Il est ridicule d'appeler un homme Nénufar, qui est un nom ressemblant plus à un celui d'un animal domestique qu'à celui d'une personne. Aussi, la référence à l'exposition coloniale nous rappelle qu'à cette période, des Noirs étaient enfermés dans des cages comme dans un zoo, à la vue des visiteurs blancs...
Figure 1:
"Ridicule" et "pas très intelligents" étaient souvent les adjectifs que l'on attribuait aux noirs. Dans la chanson, il est dit : «Pour être élégant, c'est aux pieds qu'il mettait ses gants», «t'es nu comme un vers».
A travers Nénufar, l'auteur fait clairement comprendre que les noirs ne sont d'ordinaire pas très intelligents ni civilisés, et que de ce fait, ils ne savent pas s'habiller. Le noir est aussi souvent vu comme quelqu'un de continuellement joyeux: «t'es un p'tit rigolard».

Il y a un autre stéréotype du noir, qui pourtant, pourrait être considéré comme positif. A cette époque, ils étaient fort appréciés des femmes blanches, car ils étaient connus pour être de bons amants. Cela est prouvé par la chanson : «T'as fait la conquête des Parisiennes, t'es leur fétiche et tu leur portes veine !».
D'après la chanson, les noirs, toujours représentés par Nénufar, ne seraient pas des personnes fiables, qui racontent souvent des choses inintelligentes: «Faut pas croire toujours Tout c'que Nénufar raconte».


Figure 2:
Beaucoup de stéréotypes physiques sont aussi mis en avant dans la chanson d'Alibert. Par exemple, «Les ch'veux en paille de fer» qui fait référence aux cheveux crépus des noirs. La couleur noire de la peau est accentuée par «A la craie j'écris, sur l'dos d'ma chérie», comme si le dos en question était un tableau noir. Leur bouche est largement caricaturée : «Du rouge en étui, j'en veux trente kilos, car c'est une négresse à plateaux», dont «Trente kilos» insiste sur la grandeur des lèvres. «Une négresse à plateaux» est une image satirique, alors qu'en réalité, ce sont des femmes d'une certaine tribu qui utilisent des plateaux qu'elles mettent dans leur bouche, comme accessoires de mode, élargissant inévitablement leurs lèvres. C'est l'équivalent des bijoux des femmes occidentales.

En conclusion, tous les stéréotypes physique ou sociaux du noir des colonies sont réunis en une chanson. La bouche, les cheveux, la couleur de la peau, la gaieté,la nudité, la prostitution, le manque de civilisation et d'intelligence.

Figure 1 : Spectacle ethnographique à Paris en 1892
(autre exemple similaire à l'exposition coloniale en 1931)
Figure 2: "Portrait d'un jeune homme noir",
de Maurice Quentin de La Tour,
Musée des Beaux-arts d'Orléans.

Fontenay sous bois, France
Lycée Pablo Picasso.